Idée ampoule

La Qualité de Vie au Travail est un concept encore assez récent. En France, une agence nationale travaille à l’amélioration des conditions de travail, l’ANACT. Elle a défini les critères légaux d’une bonne qualité de vie au travail. mais avant de s’y intéresser, peut-être faudrait-il commencer par définir ce qu’est la qualité de vie dans son acception la plus générale, pour délimiter ensuite les contours de la QVT?

Qualité de vie commune et travail

La notion de qualité de vie s’impose à nous presque immédiatement. Pour autant, est-elle si claire et stable ? Pour beaucoup, l’important c’est la santé, ou l’amour, mais l’argent fait aussi un peu le bonheur; nous voudrions de l’espace, mais pas trop de transports; nous ne voulons pas être seuls, mais au calme; etc. Un curseur subjectif très personnel se balade dans un continuum de critères, et se décale au fil de nos vies, contraintes et expériences. On résumera la situation par un axe économique, l’accès aux biens, un axe social, un axe santé et un axe psychologique.

Le travail y prend une place toute particulière. Il représente en même temps souvent une grande part de notre vie, représentant l’accès à un revenu et à un statut social, mais aussi le moyen de possiblement de se réaliser. Une chose est certaine : nous cherchons depuis toujours à améliorer notre qualité de vie. Il serait logique de chercher à améliorer notre qualité de vie au travail.

La difficulté subjective de la QVT

Lorsqu’on focalise sur l’entreprise, rien ne se clarifie. Les uns sont satisfaits, les autres non. Quelques années après, les cartes peuvent être totalement bouleversées. La perception de la qualité de vie au travail nous est propre, mouvante en fonction de notre parcours, de l’évolution globale de l’entreprise, de micro-situations locales et de conditions externes : maladie, transport, harmonie familiale, etc. On notera que les modes de vie ont profondément évolué ces dernières années, multipliant encore les critères d’appréciation.

Au niveau collectif, il peut y avoir des consensus sur les grandes généralités : dureté de l’organisation, conditions salariales, environnement de travail dangereux, mal adapté ou sous-équipé. L’ambiance de travail est un sujet en soi. Lorsqu’on change d’entreprise, on peut s’apercevoir d’une énorme variabilité, ne serait-ce qu’entre une petite PME qui tire le diable par la queue et la grosse boîte « plan plan », entre la startup cool et le grand groupe «rouleau compresseur». Les idées reçues, non dénuées de réalité cependant, s’imposent à l’observation objective: les dirigeants se plaignent de travailleurs fainéants, les collaborateurs de patrons abusivement exigeants. Curieusement, des équilibres tacites se distinguent dans les différents secteurs économiques. La culture des pays joue aussi énormément sur la perception des usages. Comment dans ces conditions définir une qualité de vie au travail standard ?

Une QVT standard définie par des réglementations et des usages plus informels

La qualité de vie au travail standard se définie à travers des lois et réglementations et par des usages informels qui se généralisent et en diffusent une certaine définition. Les lois sont des baromètres composites entre exigences éthiques et économiques. Elles sont très encadrantes et constituantes. Les entreprises s’organisent pour les respecter et leurs dispositions impriment leur marque sur la société. Le grand défaut des lois est qu’elles deviennent souvent un objectif minimum à atteindre, parfois à contourner. Ce paradigme juridique peut faire perdre l’essentiel.

Bien plus plastiques, les usages se diffusent via médias et réseaux sociaux. L’enjeu pour les entreprises est alors bien plus complexe. Il s’agit de jouer sur plusieurs paramètres: l’attractivité en recrutement, la lutte contre le turn-over et les arrêts maladie, l’image de marque commerciale, et plus généralement la performance des collaborateurs. La QVT se retrouve ainsi à l’intersection de sujets à la mode : lutte contre les RPS, RSE, et d’autres éternels: climat social, rentabilité, etc. En définitive, le bon niveau de qualité de vie au travail se construit presque quotidiennement, en fonction d’aspirations collectives naissantes et du niveau économique ambiant. C’est par nature une co-construction, implicite ou explicite, qui doit nourrir les stratégies d’entreprise.

Les axes académiques de la qualité de vie au travail

L’ANACT donne six facteurs clés pour agir sur la qualité de vie au travail :

  • les relations sociales et de travail,
  • le contenu du travail,
  • l’environnement physique de travail,
  • l’organisation du travail,
  • la réalisation et le développement professionnel,
  • la conciliation entre vie professionnelle et vie privée.

Cette  vision, très française, se base d’abord des conditions de travail des travailleurs. La Communauté Européenne ciblera plutôt une dimension collective du travail où les individus se sentiront intégrés à la marche de l’entreprise, et les Anglo-saxons auront une approche plus individuelle axée sur la réalisation personnelle et le bien-être. Ces différentes sensibilités d’origine culturelle recoupent toutes l’essentiel du prisme d’une QVT plus universelle.

Les bonnes pratiques de la construction de la QVT.

L’important dans le travail à l’amélioration de la QVT de votre entreprise est de donner leurs places à tous ces sujets. La prévention des RPS (risques psycho-sociaux) impose de plus en plus de démarches prudentielles mais ne doit pas limiter la QVT à ces incontournables aspects santés et juridiques.

Il est tout aussi important de replacer les diagnostics dans la logique entrepreneuriale. L’entreprise doit dégager des bénéfices qui contribueront à améliorer la qualité de vie des collaborateurs en son sein. Ce doit être un deal gagnant-gagnant pour dépasser le canevas taux horaire/rentabilité horaire. Pour échapper aux présentations de façade (quelle entreprise écrira que ses conditions de travail sont déplorables et que ses employés y viennent à reculons ?), une démarche participative est recommandée. Sous-entendu, quels que soient les supports utilisés, le management devrait s’en approprier les principes. Il faut être convaincu d’avoir intérêt à trouver le bon environnement, le bon contenu, la bonne organisation de travail pour que la productivité finale en soit améliorée. Il faut comprendre que l’individu frustré ne peut fournir le meilleur de lui-même, que sa progression personnelle est un plus, ou que des relations coercitives ne peuvent générer de l’innovation.

S’appuyer sur les techniques du management innovant est le meilleur chemin pour valoriser une démarche QVT au profit commun de l’entreprise et de ses collaborateurs.