Si le CV anonyme a longtemps fait débat chez les politiques, c’est bien que la discrimination à l’embauche pose un vrai problème de société : elle traduit ces difficultés de vivre ensemble qui fracturent aujourd’hui le pays. Pourtant, lutter contre ce fléau aurait des répercussions extrêmement bénéfiques, tant d’un point de vue social qu’économique. 

Les critères de la discrimination à l’embauche

On considère qu’il y a discrimination à l’embauche dès qu‘un recruteur s’appuie sur des critères subjectifs pour recruter une personne, sans juger uniquement de son expérience professionnelle, de sa formation et de ses compétences. 

Si l’on pense souvent aux critères ethniques, religieux ou d’orientation sexuelle, l’article L1132-1 du Code du Travail liste 25 cas à connaître, comme l’adresse, le nom, l’âge, le sexe, le handicap ou les orientations politiques et syndicales. 
La Loi Égalité et Citoyenneté ne fait qu’améliorer et préciser un élément pourtant inscrit dès 1948 dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune… » 

Tout recruteur a donc intérêt à bien se former pour connaître l’ensemble des cas et ne pas se faire piéger : c’est d’ailleurs une obligation légale en France dans les structures de plus de 300 employés.

Un état des lieux alarmant pour la discrimination à l’embauche

Pourtant, en France ou dans le monde, la discrimination à l’embauche reste endémique et constitue partout un frein à l’intégration. 
En 2018 en France, le Défenseur des droits a traité plus de 5000 cas de discriminations, pour la plupart de discriminations à l’emploi : 23 % concernaient le handicap et 14,7 % les origines ethniques.

Toutes les statistiques le prouvent, la discrimination à l’embauche est une réalité du quotidien en dépit des sanctions : le sexe, l’âge, le nom de famille et l’origine supposée restent les discriminations les plus courantes. Dans le pays des Droits de l’Homme, le taux de chômage des Bac +2 issus des quartierssensibles reste près de trois fois supérieur à la moyenne nationale; un candidat de plus de 50 ans a 3 fois moins de réponses positives qu’un candidat de 30 ans à compétences égales ; c’est pareil en cas de nom à consonance étrangère par rapport à celui au nom typiquement français ; et une candidate femme a une très faible probabilité d’être embauchée à un poste correspondant aux 10 % des salaires plus élevés.

Heureusement, l’évolution favorable se fait lentement : depuis 1990 en France, le surchômage féminin tend à disparaître et aux USA en 2019, le taux d’emploi des minorités noires ou latinos n’aura jamais été aussi élevé. La tendance mondiale va vers une baisse des discriminations, qui s’accompagne d’une montée des droits démocratiques : mais comme pour la démocratie, cette évolution ne se fait pas sans heurts et sans quelques retours en arrière ponctuels. L’environnement sociétal joue pour beaucoup aussi dans le ressenti : après l’affaire Weinstein en 2017, le taux de salariées françaises s’estimant victime de discriminations au travail avait augmenté de 7 points. Réalité ou ressenti ? 

En France, l’État s’est clairement engagé dans la lutte contre les discriminations à l’embauche, avec une politique de prévention accrue et une politique répressive renforcée. Début 2019, il a ainsi mis en place sur tout le territoire 10 000 tests de discrimination. 
Le Défenseur des Droits peut être saisi par tout citoyen, et le milieu associatif se bat au quotidien. 
Il est important de comprendre ces notions, car la discrimination à l’embauche met en jeu la responsabilité du recruteur, souvent un DRH, mais aussi celle de son entreprise. 

Discriminations à l’embauche : une grosse responsabilité

Une responsabilité judiciaire

La loi Égalité et citoyenneté, le Code du travail et le Code Pénal prévoient un arsenal législatif pour sanctionner fortement la discrimination à l’embauche. La responsabilité pénale du recruteur peut être engagée, ainsi que celle de son entreprise, jusqu’ à 45 000 euros d’amende et 3 ans de prison. 
A ces sanctions judiciaires, il faut rajouter le « tribunal médiatique » : à l’heure des réseaux sociaux, l’entreprise fautive est aussitôt condamnée, sans se défendre, même si elle est de bonne foi. 
Bien connaître la législation en cours est donc devenu un impératif.

Une responsabilité éthique

De nombreuses études ont montré la violence de discriminations envers les demandeurs d’emploi. Ces derniers subissent ces discriminations avec un triple contrecoup : Ces derniers subissent ces discriminations avec un triple contrecoup : 

  • psychologique (sentiment d’échec, de dévalorisation, de rejet…) 
  • social (sentiment d’isolement, perte d’identité pouvant aller jusqu’au changement de nom, rejet et haine de la société…) 
  • auto-censure (refus de postuler à des postes de responsabilité, sous-emplois systématique, inutilité de se former…)

Dans une société en quête de sens, aucune entreprise ne peut vivre en autarcie : elle est un des maillons de cette société et elle se doit donc s’investir dans une politique responsable, tant sur le plan social qu’écologique. Ces politiques RSE obligent l’entreprise à participer activement au lien social et au vivre-ensemble, en refusant toute discrimination à l’embauche : demain plus qu’aujourd’hui, toute entreprise ne s’engageant pas dans une telle démarche responsable sera immédiatement sanctionnée par ses clients et montrée du doigt, au risque de disparaître. 

C’est une révolution que tout responsable doit dès aujourd’hui mettre en place et savoir anticiper, en reconnaissant les pratiques discriminantes, en formant les managers et en diffusant dans l’entreprise une culture non discriminante. 
Il faut se former et bien se former.

Une responsabilité économique

Chose plus surprenante, plusieurs études comme celle de France Stratégie en 2016 pointent du doigt un coût économique énorme, lié notamment au sur-chômage, à une mauvaise optimisation des compétences, au gâchis des talents et des potentiels… 
France Stratégie évalue ce manque à gagner en France entre 3% à 14% du PIB.

Inversement, des économistes estiment que depuis 1960 aux USA, l’accès progressif des minorités noires et des femmes au travail a généré un gain de croissance de 15 à 20%.

Toutes ces raisons expliquent pourquoi lutter contre les discriminations à l’embauche doit être une lutte de chaque instant : elle est bénéfique pour le citoyen, pour le salarié, pour la collectivité et pour l’entreprise. Une lutte efficace passe d’abord et avant tout par une formation adéquate et complète. 
Nicomak propose une telle formation, légalement obligatoire pour certains, mais nécessaire pour tous les autres !