RSE : véritable levier de performance ?
Performance, vous avez dit performance ?
Si la performance est un résultat chiffré obtenu dans le cadre d’une compétition, on pense notamment au sport, au niveau d’une entreprise, la performance exprime le niveau d’accomplissement d’objectifs poursuivis. D’une entreprise à l’autre les objectifs varient mais globalement la performance demeure une planche de salut.
On distingue plusieurs performances, priorisées différemment, certaines semblant incontournables, du moins dans l’immédiateté :
- La performance financière s’intéresse au ROI (Return On Investments : retour sur investissements), ROE (Return On Equity: (retour sur capitaux propres) et à l’EVA (Economic Value Added : création de valeur intrinsèque) pour les actionnaires ;
- La performance économique repose sur les composantes de sa compétitivité (prix et hors prix) ;
- La performance organisationnelle mesure son efficacité / efficience par rapports aux objectifs ;
- La performance sociale s’intéresse au montant des rémunérations, nombres d’accidents de travail, formations… ;
- Enfin la performance sociétale mesure son niveau d’engagement vis à vis des questions sociales, économiques et environnementales.
La vision traditionnelle de la performance, qui se limitait à une vision financière à court terme a été élargie. Aux objectifs économiques de l’entreprise (création de richesse) s’adjoignent désormais les objectifs du développement durable. Mis en place par la démarche RSE, les objectifs de performance sociétale instillent ainsi une dynamique vertueuse pour l’ensemble des critères de performance de l’entreprise.
Les avantages RSE concourant à la performance
Si l’on dit que la politique RSE permet une performance accrue de l’entreprise, intéressons-nous d’abord à ses avantages, à ce qu’elle permet de mettre en place.
- En tant qu’approche stratégique elle est l’occasion de questionner le fonctionnement de l’entreprise dans sa globalité de façon sereine et pas dans l’urgence.
- Elle oblige à s’interroger sur la cohérence du développement de l’entreprise, de sa stratégie et des moyens mis en œuvre.
- Elle renforce la cohésion avec les parties prenantes, car la réflexion et les décisions d’actions sont menées en concertation (salariés, clients, fournisseurs, territoires, etc.). C’est une reconnaissance de tous les acteurs qui participent à la création de la valeur de l’entreprise.
- Elle permet de fidéliser les collaborateurs sur des projets partagés et de mieux valoriser le capital humain et organisationnel de l’entreprise.
- Elle est source d’innovation en mettant en phase la stratégie avec une nouvelle chaîne de valeurs, elle permet d’anticiper des opportunités.
- Elle permet de répondre aux donneurs d’ordre ; la quasi-totalité d’entre eux exige maintenant une pratique RSE de leurs fournisseurs ou sous-traitants, plus ou moins alignée sur la leur.
- Elle permet de rassurer les investisseurs qui ne s’y trompent pas : la multiplication durable des ISR (sociétés ou fonds d’Investissement Socialement Responsables) investissant dans des entreprises orientées RSE en est la preuve.
- Elle participe directement à l’amélioration de l’image de l’entreprise lorsqu’elle est menée en toute transparence.
- Enfin, la RSE est un investissement limité qui vient intégrer et lier des approches souvent déjà sujettes à projets dans l’entreprise sur le plan économique, environnemental ou social.
Si
ces éléments, non exhaustifs, sont bénéfiques, il y a fort à parier qu’ils contribuent
à une amélioration significative de la performance globale de l’entreprise.
Mais ont-ils un apport économique tangible ?
De la performance économique à la performance globale
Quelle que soit la mesure de la performance économique (profit par tête, excédent brut d’exploitation…), on observe un écart de performance d’environ 13 % en moyenne entre les entreprises qui mettent en place des pratiques RSE et celles qui ne le font pas.
L’aspect transversale de la RSE expliquerait en partie ce résultat. En améliorant la résilience de l’entreprise dans des domaines variés, la RSE permet d’identifier ses faiblesses et de les corriger en trouvant des leviers appropriés. Elle améliore ainsi les processus internes de l’entreprise et permet de réduire les coûts à moyen terme. A titre d’exemple, améliorer le bien être de ses salariés au travail a un impact positif sur leur productivité et leur fidélité ce qui réduit les dépenses en recrutement comme le temps passé à former les nouvelles recrues. Les économies d’énergie, la réduction du gaspillage permettent aussi de moins dépenser.
Parallèlement à la réduction des dépenses qui permettent d’être plus performant économiquement, la RSE permet d’impacter positivement le chiffre d’affaire grâce à une meilleure efficience, une réduction des risques, une meilleure relation client, une stratégie d’innovation, une meilleure réputation, etc.
Il existe une bonne centaine d’études empiriques sur le lien entre RSE et performance économique des entreprises. Elles emploient des méthodes, mesures et indicateurs divers et ne parviennent pas toujours à l’évidente conclusion.
Il convient donc de penser la corrélation performance économique et RSE en terme indirect plutôt que direct et on peut retenir certainement l’idée d’un lien positif ou d’un cercle vertueux entre elles.
On sait que la défaillance de responsabilité d’une entreprise sur le plan environnemental par exemple peut avoir un effet désastreux sur sa santé économique mais il ne s’agit pas seulement d’évaluer, en négatif, les coûts associés à un tel évènement mais de quantifier également, en positif, les bénéfices économiques de la responsabilité environnementale et sociale des entreprises.
Et si la RSE est un levier de performance économique, elle l’est aussi au sens large, à l’échelle de sa performance « globale », dans les domaines extra-financiers comme l’environnement, l’impact social, la réputation, l’implication dans des projets sociétaux.
Si la maximisation du profit est la motivation principale dans la mise en place d’une démarche RSE, on peut s’interroger sur sa compatibilité avec un tel objectif. Seule la performance globale est intéressante, la RSE devient un levier pour l’ensemble des performances de l’entreprise, sans ça elle n’a plus de sens.
Construire ses propres critères de performance
La qualité de la mise en œuvre de la démarche RSE a une forte incidence sur sa portée. Les combinaisons de pratiques constituent un enjeu un peu complexe. Elles ne concourent pas toutes de la même manière à la performance. Le caractère multidimensionnel de la RSE est à envisager sous le prisme de la complémentarité, pas sous celui d’un empilement.
La démarche doit être corrélée et avoir du sens. Pour être cohérente, elle doit trouver racine dans la vision du projet d’entreprise et dans sa chaine de valeurs. C’est d’une articulation harmonieuse que la RSE tire ses fruits.
Parallèlement à la notion de sens et de vision, la RSE améliore significativement la performance des entreprises quand elle relève de l’initiative volontaire plus que de mesures contraignantes. Les contraintes règlementaires seules seraient inopérantes mais il est souhaitable de trouver un « smart mix », combinaison équilibrée de dispositifs de régulation RSE qui introduisent cohérence et souplesse pour les entreprises. La démarche RSE est un sujet finalement assez intime pour l’entreprise, on ne saurait donner des directives qui ne correspondraient pas à sa réalité, à ses ambitions. Son engament, manifesté par un rapport annuel, obligatoire certes pour certaines (+500 salariés), est déjà un acte de foi.
Atteindre la performance économique est un préalable indispensable pour assurer la pérennité de l’entreprise. Ensuite, les priorités de performances sont à convenir selon le projet que l’on souhaite qu’elles servent et ce qu’il convient d’améliorer en premier pour y parvenir. Le souci de performance économique peut par exemple servir avant tout le projet sociétal de l’entreprise. On trouve notamment ce type de priorité dans les entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire qui peuvent illustrer concrètement la construction d’une performance vertueuse.