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sciences poL’ORGANISATION : Sciences Po

Fondé en 1872 par Émile BoutmySciences Po est le nom usuel de l’Institut d’études politiques de Paris (IEP de Paris), un établissement d’enseignement supérieur et de recherche français dans le domaine des sciences humaines et sociales et des relations internationales.

Doté du statut de grand établissement, Sciences Po repose sur une gouvernance duale assurée par une fondation de droit privé d’un côté, et un établissement universitaire de l’autre1.

LA PROBLÉMATIQUE

Quand il s’agit d’aider les étudiants souffrant de handicaps visibles comme invisibles, les mesures de compensation se situent essentiellement aujourd’hui en périphérie de la salle de cours (attribution de tiers temps, compensations humaines ou techniques…) mais encore peu de réponses concernent les modalités de transmission et d’évaluation des savoirs.

En tout, 249 étudiants de Sciences Po, huit fois plus qu’il y a 10 ans, se déclarent en situation de handicap. Certains peuvent avoir passé les épreuves en profitant de conditions particulières mais ne plus vouloir en parler ensuite, avec le risque de suivre des cours pas adaptés. La démarche leur revient en effet totalement sans que l’institution qui les reçoit puisse l’exiger. D’après les premières évaluations menées en 2017 à Sciences Po dans plus de 95% des cas rencontrés, la phase de décrochage est en lien avec une situation de handicap invisible.

Les enjeux des parties prenantes

« Pour aider nos étudiants handicapés, nous voulons passer d’une stratégie de « compensation » à des méthodes pédagogiques qui conviennent à tous nos étudiants », explique la responsable handicap de Sciences Po, Elsa Geroult à l’occasion de la signature d’une convention avec l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) et le FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique).

Les objectifs stratégiques

Il est ici question d’apporter aux étudiants en situation de handicap, une articulation entre le bénéfice des aides techniques, humaines, ou toutes autres formes de compensation, avec des méthodes d’enseignement adaptés à tous par les professeurs dans la salle de classe. Pour les professeurs, l’un des objectifs est de repenser ses stratégies d’apprentissage pour permettre un enseignement inclusif.

LE PROJET

Adapter ses méthodes d’enseignement

« Depuis 2016 et à partir d’expérimentations menées par d’autres universités, notamment canadiennes, Sciences Po a développé des méthodologies exploitables en interne comme en dehors de ses murs », explique le directeur de Sciences Po, Frédéric Mion.

 Adapter sa typographie, diviser les parties du cours, ou encore souligner les points importants, Sciences Po a réalisé toute une série de petits films pour illustrer aux enseignants les manières dont ils peuvent adapter leur pédagogie. Diffusés sur le blog de son pôle handicap à partir de janvier 2018, ils pourront par exemple découvrir comment permettre à un dyslexique de bien lire un cours. Un handicap relativement facile à surmonter pour peu qu’on prenne le soin de diviser son cours en de nombreux paragraphes, de souligner les points importants ou… d’utiliser une typographie très lisible type Arial.

Améliorer ses stratégies d’apprentissage.

Sciences Po s’interroge sur les modes d’apprentissage. Ainsi, dans le cadre d’un partenariat avec l’Université McGill (Canada), un « atelier de métacognition » permet depuis septembre à des étudiants de première année de mieux connaître le fonctionnement de leur cerveau. « Nous leur demandons d’analyser et comment les améliorer avec des neuropsychologues, des psycho-pédagogistes et même un philosophe », explique Elsa Geroult, la responsable handicap de Sciences Po.

LA RÉUSSITE

Sciences Po, l’Agefiph et le FIPHFP ambitionnent aujourd’hui de se positionner au-delà du critère d’accessibilité stricte, en analysant les besoins des étudiants en situation de handicap et en cherchant, à travers le recours à l’innovation pédagogique, des solutions adaptées. Il s’agit de comprendre les besoins des personnes souffrant de troubles des apprentissages ou de handicaps favorisant le décrochage ou des difficultés d’insertion professionnelle pour « concevoir un enseignement inclusif et profitable à tous. « Nous voulons promouvoir l’universalité de nos méthodes plutôt que des actions spécifiques pour chaque public », reprend Elsa Geroult.

Sciences Po travaille à la mise au point de dispositifs de travaux collaboratifs avec de grandes entreprises pour mieux accueillir les diplômés.

Ainsi, 80 cadres de Canal Plus sont ainsi formés à la « neurodiversité » afin de comprendre comment recevoir des salariés un peu différents mais souvent très créatifs, innovants, travailleurs dont il serait absurde de se priver. La Harvard Business Review a même publié en 2017 un article intitulé « Neurodiversity as a competitive advantage »

POUR ALLER PLUS LOIN

Le Guide d’accompagnement et de pédagogie innovante handicaps cognitifs et psychiques. Vers une meilleure accessibilité dans l’enseignement supérieur qui recense les bonnes pratiques a été confié dès 2016 aux enseignants de Sciences-Po, et mis à disposition sur le blog du Pôle Handicap de Sciences Po

« Nous souhaitons également essaimer le résultat de ces recherches et expérimentations auprès de l’ensemble des universités  », ajoute Marc Desjardins, directeur du FIPHFP.

Rédactrice : Julie Préciat