L’approche narrative, créée par Michael White et David Epston, deux travailleurs sociaux et thérapeutes australiens, considère que l’identité d’une personne est construite par ses relations et par les histoires racontées à son propos. Cette approche propose une « déconstruction » des rapports de pouvoir présents dans le contexte et qui pèsent sur les personnes. L’approche narrative est fondée sur l’idée que les récits que nous produisons en permanence sur notre vie peuvent soit nous enfermer, soit nous libérer, et qu’il existe toujours une multiplicité de points de vue pour rendre compte d’une situation. On identifie l’histoire du problème et ses effets sur la vie de la personne, puis on engage la construction d’une histoire préférée qui conduit la personne loin de son histoire de problème. Grâce à cette nouvelle histoire les individus retrouvent une relation avec leurs rêves, leurs espoirs et leurs aspirations et retrouvent du pouvoir sur leur vie.

Faisons un bond dans le passé pour comprendre comment cette approche s’est construite, et quels sont les champs d’application qu’elle couvre aujourd’hui.

La thérapie narrative de Michael White et David Epston a été appliquée, à ses débuts, au champ de la thérapie familiale pour s’étendre par la suite au traitement des traumatismes, des désordres alimentaires, de la schizophrénie, des dépendances, du deuil, de la violence conjugale. Michael White est également connu pour son travail auprès de diverses communautés (aborigènes d’Australie et de la Nouvelle Galles du Sud, rescapés du Rwanda, conflit des Trois-Nations à Toronto…). 

La thérapie narrative deviendra par la suite un ensemble de « Pratiques narratives » ou « Approches narratives » au fur et à mesure de son investissement dans de nouveaux champs d’action tels que le coaching en entreprise (en France notamment), le travail social, l’éducation, la thérapie individuelle et familiale et de nombreux métiers liés à l’accompagnement.

Les fondateurs de l’approche ont identifié trois objectifs majeurs, décris ci-dessous :

  • Le client décrit le problème (son scénario dominant),
  • Le client est encouragé à adopter des perspectives alternatives à travers la déconstruction des récits actuels,
  • L’expert.e aide le client à créer des récits plus satisfaisants et plus aidants.

Quelques sources théoriques 

  • Le modèle de Palo Alto qui propose d’aborder les problèmes à partir du blocage des tentatives de solutions
  • Jérôme Bruner pour qui le sens des choses ne se construit pas dans le cerveau mais est donné par la culture
  • Barbara Myerhoff pour qui l’identité est une construction sociale au sein d’une communauté d’appartenance.
  • Les philosophes de la French théorie : Foucault, Derrida, Deleuze et notamment leurs travaux sur le pouvoir moderne.

Les principes de l’approche 

  • Le paysage de la vie

La vie doit être considérée avant tout du point de vue de celui qui en fait le récit. Les « réalités » sont construites socialement à partir des modes habituels d’interaction, d’alimentation, de logement, d’éducation. Au fil du temps les individus finissent par oublier que ce qu’ils perçoivent de leur « réalité » n’est que le fruit des constructions mentales de leur environnement. Ces constructions deviennent des histoires qui véhiculent des normes et des dogmes (valeurs et croyances, coutumes, institutions, règles et lois) et qui exercent un pouvoir ou contrôle socio-culturel invisible.

  • Le paysage de l’identité

L’identité se construit à partir d’histoires racontées et vécues, donc à partir des relations avec les autres. Ce sont les récits de leurs expériences, validés par les autres qui donnent forme à l’identité.

La compréhension de l’influence restrictive de ces histoires qui sont caractérisées comme dominantes car elles limitent les choix de l’individu, permet d’en modifier certains aspects et d’en construire de nouvelles plus aidantes

  • L’externalisation du problème

Il est important de positionner son problème comme extérieur à soi, donc de s’en dissocier. Les questions de l’intervenant ne portent donc pas sur la personne mais sur le problème (par exemple, non pas la personne stressée, mais le stress et la relation de la personne avec son stress). La personne n’est pas le problème. L’extériorisation du problème permet de dissocier l’identité de la personne de l’histoire qui véhicule le problème, de responsabiliser le sujet sur ses propres solutions, et de percevoir des solutions alternatives qui restaient jusqu’à présent inexplorées.

  • Le client au cœur de la relation

La démarche narrative intègre les approches collaboratives qui considèrent que le client est celui qui a toutes les clefs en main pour avancer. Les personnes qui ont une demande de changement sont considérées comme les auteur·e·s et expert·e·s de leur propre vie. Il existe une étroite corrélation entre l’histoire, la mémoire et la perception de l’individu. Ayant écrit leur propre histoire, elles sont capables d’en écrire d’autres, porteuses de solutions et de ressources à mettre en œuvre pour résoudre le problème des histoires précédentes. Les récits sont donc comme interconnectés, et mettent en lumière l’aspect systémique de la démarche.

« Est-ce que vous jouez un rôle dans une pièce qui a été construite par d’autres ou souhaitez-vous redevenir acteur de votre vie ? Prenez votre plume et redevenez auteur. »

  • L’approche collaborative de la narration

La collaboration entre expert.e.s et client va s’engager comme une conversation bienveillante, respectueuse, non culpabilisante, et qui place la personne au centre de la relation. Si le client est au centre, le praticien est automatiquement décentré, se situant dans une attitude de non-savoir et donc de curiosité et d’approfondissement. Des techniques spécifiques de conversation orientent l’attention sur les exceptions, c’est-à-dire les compétences utilisées par les personnes et les groupes lorsqu’ils ne sont pas confrontés au problème. Guidée par des cartes, les situations vont être abordées avec des angles multiples et des niveaux différents. La conversation narrative va inviter le client à sonder des horizons encore inexplorés, à la recherche de nouvelles histoires à construire.

Si vous désirez en apprendre plus sur l’approche narrative et son intégration dans les pratiques d’une organisation, contactez Nicomak dès aujourd’hui !