Professionnel utilisant un smartphone

La société connait depuis 20 ans une accélération continue de l’intégration des nouvelles technologies dans le contexte du travail. Les entreprises se sont emparées de ces nouvelles technologies pour changer leurs modes de fonctionnement. Dans le même temps, le numérique est aussi venu bouleverser les comportements des salariés. Mais les entreprises n’ont pas suffisamment pris conscience de l’ampleur du besoin d’établir des règles de déconnexion, ce qui a entraîné de nombreuses dérives…

L’équilibre entre vie privée et vie professionnelle est déstabilisé par une sur-connexion dans le monde du travail

L’utilisation du smartphone ou la consultation des mails en dehors du temps de travail est un exemple. Aujourd’hui, 75 % des cadres utilisent les TIC pour des raisons professionnelles sur leur temps de repos (baromètre UGICT-CGT / VIAVOICE 2016.) De peur de faire face aux innombrables emails accumulés dans leur boite de messagerie, certains cadres hésitent à se déconnecter le soir, le weekend ou pendant les vacances. En 2014, 1/3 des cadres se déconnecte rarement, voire jamais en dehors de leur temps de travail. (Sondage réalisée par l’APEC auprès de 450 cadres du secteur privé.)

Cette ultra-connexion a un véritable impact sur l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Selon ce même sondage réalisé par l’APEC, 63 % des cadres déclare que cela perturbe leur vie privée. Pour 60 % d’entre eux cela affecte négativement leur qualité de vie. Or, un salarié stressé et qui n’a plus de temps à consacrer à sa vie privée sera indéniablement moins productif. C’est pour cette raison que les politiques Qualité de Vie au Travail (QVT) ont le vent en poupe ces dernières années. Les organisations ont compris que le bien-être de leurs salariés était essentiel pour leur performance et leur productivité. Une démarche de QVT ne peut donc pas être dissociée de ce droit à la déconnexion.

Le droit à la déconnexion est apparu avec la loi Travail

La question du droit à la déconnexion apparaît en réponses aux dérives de l’utilisation des outils connectés au travail. 56% des cadres souhaitent disposer d’un droit à la déconnexion effectif afin de préserver leur vie privée et leur santé. (Baromètre CGT). Les collaborateurs cherchent aujourd’hui à mieux gérer leur équilibre vie privée / vie professionnelle. Ils souhaitent se sentir bien dans leur travail et à s’y épanouir. Il est évident que l’utilisation des outils numériques sur le lieu de travail exige de nouvelles protections. L’enjeu est donc de garantir un réel droit à la déconnexion qui permettrait de mieux gérer l’équilibre vie privée / vie professionnelle.

 

 

C’est ce que prévoit l’article 55 de la Loi Travail sur le « droit à la déconnexion » au sein des organisations. En effet, dès le 1er janvier 2017, toutes les entreprises de plus de 50 personnes devront négocier annuellement les modalités d’exercice de ce droit (NAO). A défaut d’accord, elles doivent construire une charte interne de régulation des usages numériques. Les employeurs doivent mettre en place dès 2017, de manière négociée ou unilatérale, une régulation de l’usage des outils numériques afin de contribuer au respect du nécessaire équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Ce que dit la loi : « Les modalités du plein exercice par le salarié de son droit à la déconnexion et la mise en place par l’entreprise de dispositifs de régulation de l’utilisation des outils numériques, en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale. À défaut d’accord, l’employeur élabore une charte, après avis du comité d’entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel. Cette charte définit ces modalités de l’exercice du droit à la déconnexion et prévoit en outre la mise en œuvre, à destination des salariés et du personnel d’encadrement et de direction, d’actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques » (Code du travail, article L. 2242-8 7).

Comment appliquer le droit à la déconnexion dans votre organisation ?

Il faut que les organisations adoptent une démarche progressive dans la mise en place de ce dispositif. Une conduite du changement devra nécessairement être mise en place. Il est important que ce droit à la déconnexion s’inscrive dans une notion de responsabilité partagée. L’employeur comme les salariés doit accepter de jouer le jeu.

Certaines entreprises ont déjà pris le sujet à bras le corps. C’est le cas de La Poste qui, depuis le 3 juillet 2015, a intégré dans son accord égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, la notion de droit à la déconnexion :

« Aux fins de prévenir d’un éventuel « stress électronique », les parties conviennent de rappeler les règles de bon usage de la messagerie électronique, à savoir :

  • L’utilisation de la messagerie électronique ne doit pas être le seul vecteur de communication entre le manager et son équipe et plus généralement entre les différents collaborateurs de l’association ;
  • Privilégier dans la mesure du possible la communication verbale (par téléphone ou de visu) ;
    • Limitation de la diffusion du courriel au destinataire concerné en évitant la diffusion systématique à un grand nombre de personnes ;
  • Limitation de l’utilisation de la messagerie électronique au strict nécessaire ;
  • Ne pas adresser de messages d’ordre professionnels, notamment par courriels et/ou SMS entre 20 heures et 8 heures, ni les jours de repos et jours fériés. »

Nicomak vous accompagne dans votre démarche de déconnexion

Chez Nicomak, nous diagnostiquons la maturité des salariés sur la question du droit à la déconnexion. Grâce à notre outil web Ethimak, nous questionnons les collaborateurs sur leur pratiques à travers des mises en situation. Sur la base du rapport issu de ce diagnostic, nous animons des séminaires pour sensibiliser les collaborateurs. L’objectif est de leur permettre de conscientiser les enjeux de la déconnexion. Nous accompagnons également les organisations dans la co-construction de leur charte de bonnes pratiques.

Selon nous, il est important que la rédaction de cette charte fasse appelle à l’intelligence collective. Une charte n’est utile et appliquée que si elle est comprise par tous. Il faut qu’elle réponde aux réels besoins et problématiques des collaborateurs. La démarche d’intelligence collective par la co-construction permet aux collaborateurs d’être parties prenantes du processus de construction de la charte. Elle permet ainsi d’engager les collaborateurs sur le changement et accroître leur sentiment d’appartenance. C’est de cette manière qu’une bonne application de la charte en interne sera assurée.