L’IA n’existe pas (vraiment)

L’expression « intelligence artificielle » est sur toutes les bouches. Pourtant, à y regarder de près, l’IA telle qu’on se l’imagine n’existe pas… du moins pas vraiment. Ce slogan provocateur cache une réflexion essentielle : que met-on exactement sous le mot « intelligence » quand il s’agit de machines ? Nos ordinateurs, aussi puissants soient-ils, pensent-ils au sens où nous pensons ? Souvent, on parle d’IA comme si c’était un esprit autonome, mais tout se passe en fait dans le cerveau de ceux qui la programment.
Qu’appelle-t-on vraiment « intelligence artificielle » ?
Le terme « intelligence artificielle » laisse entendre qu’il existerait une forme d’intelligence semblable à la nôtre, logée dans une machine. Or, dès l’origine du concept dans les années 1950, des chercheurs comme John McCarthy parlaient surtout de faire accomplir par une machine des tâches requérant de l’intelligence si un humain les faisait. En clair, une IA réalise ce qu’on lui demande sans pour autant « comprendre » comme nous. Il n’existe pas de définition universelle de l’IA qui fasse consensus : en pratique, nous parlons aujourd’hui presque exclusivement d’IA faible, de programmes très avancés capables d’apprentissage statistique, mais sans conscience propre.
Pour l’IA, c’est pareil : des perroquets stochastiques
Nos IA modernes fonctionnent comme de formidables « perroquets stochastiques » : elles répètent des séquences de mots ou d’actions « probables » en se basant sur d’énormes masses de données, sans rien saisir du sens ou de l’intention. Les modèles de langage, par exemple, ne font que recombiner des phrases apprises. Redouter que « l’IA prenne le contrôle » est donc un fantasme qui nous éloigne des vrais enjeux actuels. Car ce n’est pas une machine consciente qui délivrera le futur : ce sont nos choix, parfois impensés, qui pourraient déléguer trop de pouvoir à la machine.
Garder l’humain au centre : notre intelligence et nos valeurs
Si l’IA (au sens fort du terme) n’existe pas vraiment, cela recentre l’enjeu sur nous, les humains. C’est notre intelligence individuelle et collective qui fait vivre ces technologies. L’IA reste un outil qui amplifie nos capacités – par exemple en traitant plus de données qu’un esprit humain ne le pourrait – mais elle peut aussi reproduire nos erreurs ou nos biais à grande échelle. En fin de compte, la qualité des décisions prises avec l’aide de l’IA dépend de la sagesse et de l’éthique de ceux qui la pilotent. Garder l’humain au centre, c’est s’assurer que la technologie reste un moyen et non une fin en soi.
Conclusion
Non, une « intelligence artificielle » au sens d’un esprit véritablement conscient n’existe pas encore… et ce n’est pas un problème. Ce qui existe, en revanche, c’est un ensemble d’algorithmes puissants que nous devons apprivoiser avec discernement. Plutôt que de fantasmer un « esprit dans la machine », concentrons-nous sur l’esprit critique et la créativité bien humains qui sont nécessaires pour utiliser ces outils à bon escient. Garder l’humain au centre, c’est s’assurer que la technologie reste un moyen et non une fin en soi. Si ces réflexions vous intéressent, la formation « Concilier IA et éthique »de Nicomak (le 25 juin à Paris) est faite pour vous. Cette journée, accessible et interactive, approfondira la philosophie de l’IA et les façons de développer des projets technologiques vraiment centrés sur l’humain. De quoi repartir avec la conviction que l’intelligence la plus précieuse, c’est encore la nôtre !