Valérie Schneider a travaillé pendant 23 ans dans les nouvelles technologies à des postes de management de produit. Elle a décidé un jour de donner un peu plus de sens à ce qu’elle faisait en se formant sur les sujets RSE et développement durable. Consultante indépendante depuis 4 ans, Valérie accompagne des dirigeants de PME et grandes structures dans leurs problématiques de Développement Durable. Elle transmet également sa passion aux étudiants. Valérie soutient Nicomak dans des missions spécifiques. Elle nous livre aujourd’hui son expertise sur l’engagement des organisations sur la thématique du Développement Durable.

Quelles ont été les évolutions en termes de prise en considération du Développement Durable dans les organisations ?

On perçoit une évolution notable dans les grandes entreprises qui se sont organisées sur ces sujets et qui, pour certaines, ont bien conscience des enjeux stratégiques liés au Développement Durable.
D’un autre côté, j’entends également auprès de mes étudiants que la perception des consommateurs sur ce qu’entreprennent les entreprises est encore très négative. En effet, la jeune génération semble avoir globalement l’impression que les actions Développement Durable mises en place dans les grandes entreprises ont un seul but marketing.

Quels sont les plus grands enjeux actuels en matière de Développement Durable dans les entreprises ?

Il me semble ici important de distinguer les PME des entreprises plus grandes.

Pour les PME, les démarches Développement Durable sont souvent initiées à cause d’une demande directe ou indirecte de leurs donneurs d’ordre. Elles peuvent également être encouragées par les fédérations de leur secteur d’activité. Il est important aujourd’hui de les convaincre de la valeur ajoutée d’entreprendre ce type de démarche. L’objectif étant de réduire leurs impacts sociaux et environnementaux.

Les plus grandes entreprises sont pour leur part plutôt bien avancées dans les actions mises en place. Cependant un enjeu existe au niveau de l’animation de ces actions en interne. L’idéal dans ces démarches est d’impliquer les salariés mais également l’ensemble des parties prenantes. Leur engagement garantit la durabilité de la démarche et la maximisation de leurs impacts positifs. On perçoit alors la réduction de l’écart entre les actions qu’elles entreprennent et la perception qu’en ont les parties externes.

Quelles sont les réponses aujourd’hui à apporter ?

Le sujet de l’économie circulaire est de plus en plus abordé dans les organisations. Il répond à des enjeux de ressources. Leur raréfaction et l’impact environnemental en général. En fait, il faut accompagner les entreprises pour les encourager à apprendre à faire les choses autrement. Faire mieux avec moins. L’intérêt de l’économie circulaire c’est que les entreprises identifient directement le lien entre l’environnement et l’économique. La valeur ajoutée est évidente, surtout dans les entreprises qui font des produits.

Il est intéressant d’aborder ces sujets avec une approche collaborative et le jeu. Le jeu Circulab notamment pour l’économie circulaire permet d’utiliser l’intelligence collective et de passer rapidement à l’action. L’équipe gagne ainsi du temps dans la conception des idées et dans leur mise en place.

Les actions de sensibilisation permettent aussi de faire avancer les choses. Par exemple les enjeux du numérique sont utiles à aborder lorsque l’on parle de Développement Durable. J’ai fait plusieurs interventions de sensibilisation sur les impacts du numérique. L’idée est d’être conscient que la numérisation impacte l’environnement surtout au niveau de la phase de production de nos équipements et de fin de vie. Nous recyclons encore trop peu. Métaux, terres rares, eau… – il faut 32 kg de matières premières pour produire un composant électronique de 2 grammes. Mais il faut aussi reconnaître que le numérique est un levier pour améliorer les choses. Faciliter l’accès aux données pour agir sur le changement climatique, équipements permettant de mieux contrôler et ainsi réduire la consommation d’énergie…

Quels sont pour vous les ingrédients clés pour le succès d’une démarche Développement Durable ?

  • Du pragmatisme :
    Cela ne sert à rien de vouloir à tout prix faire bien du premier coup. Une telle démarche est efficace seulement si elle prend en compte le contexte de l’entreprise et ses moyens.
  • De l’optimisme :
    Bien sûr, tout ce qui est mis en place n’est pas parfait. Mais il vaut mieux qu’une entreprise fasse une petite chose et qu’elle les fasse bien. Nous évitons de voir le verre à moitié vide car la capacité de changer les choses est réelle. C’est en étant optimiste que l’on arrivera à les changer.
  • De l’intelligence collective :
    En réfléchissant tous ensemble et en impliquant les parties prenantes, on peut raccourcir les cycles de changement. Avec Nicomak, j’accompagne notamment des dirigeants d’entreprise de propreté via la Fédération des Entreprises de Propreté. Cet accompagnement est riche car ces différentes entreprises se retrouvent, partagent de bonnes pratiques, génèrent des idées et s’entraident dans leurs discussions.

Quels sont les défis de demain ?

PontIl est urgent de se lancer dans une démarche de Développement Durable car le monde est en train de changer. Pour les entreprises déjà en avance sur le sujet, leur énergie doit se concentrer à regagner la confiance de leurs parties prenantes sur ces actions.

Pour conclure, je crois que l’on est aujourd’hui en train de vivre 3 transitions. Une transition environnementale, une numérique et une sociétale. Ces trois transitions sont à voir dans leur globalité et sont à traiter en même temps si on veut que cela soit efficace.